De chlore et de rosé présente cinq étés d’ivresse passés sur la Riviera française. Des images d’insouciance et d’indolence défilent avec un parfum étrange. Noyé dans un soleil de plomb, le regard tangue entre voyeurisme et obsession. Tout se sature, les couleurs, les sons, les odeurs. Mais quelque chose ne va pas. Ce sont des vacances à perpétuité où, malgré l’horizon à perte de vue, on étouffe sous le poids de l’anticipation. Comme quand on s’enfonce dans l’eau et que la pression augmente, les tympans ploient et à force, rompent. C’est en quelque sorte un avertissement silencieux quant aux événements à venir, aussi bien personnels qu’à une échelle beaucoup plus grande. Le temps semble se paralyser. Nous sommes à cet endroit où les montagnes rencontrent brutalement la mer et où les plongeurs en apnée tombent en syncope.

Christopher Barraja est un photographe de 25 ans né à Nice. Il part étudier l’architecture à Marseille à 18 ans mais, ayant baigné un peu trop longtemps dans le soleil, il décide de changer de décor en poursuivant ses études à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Dans la capitale, il développe sa pratique photographique à la suite d’un AVC à l’âge de 20 ans qui le rend plus attentif aux choses invisibles et crée une discussion avec les objets inanimés de son entourage. Il part en échange à New York où il découvre sa fascination pour la photo de mode. Depuis, il tisse un discours entre la photo de mode et sa pratique personnelle. Son travail a été présenté à la Villa Noailles cette année, dans le cadre du festival de Hyères dont il était l’un des finalistes. Il est le lauréat du Grand Prix Picto de la Photographie de Mode 2022, et un des photographes de sa génération dont le travail mérite d’être suivi.